La Direction décide de découper le groupe, plus de 2/3 des salariés des services sur la sellette !
Le groupe vient de publier son communiqué de presse sur les comptes du 1er semestre 2020 et la mise en place de nouvelles orientations stratégiques pour les années à venir.
Une stratégie volatile et anxiogène
Après l’ère du charbon avec l’achat d’International Power en 2010, après l’ère des ENR et de la décarbonation à partir de 2015 (décarbonation toute relative car les actifs n’ont pas été convertis ou fermés mais vendus et continuent à fonctionner), vint l’ère des solutions.
Le Groupe décide de s’orienter vers les services mettant au second plan la gestion du gaz. Pendant plusieurs années, la direction nous a assuré que le rebond ne pouvait venir que des solutions. En décembre 2019, on annonçait la séparation des réseaux de gaz et le développement accru de la partie Services.
Depuis mai 2020, un nouveau virage à 180° s’opère avec un recentrage du groupe vers le gaz et les ENR. La CGT avait alors alerté sur les velléités de la direction de supprimer plus de 15 000 postes dans le monde, dont 9 000 en France, au sein des Solutions, de préparer une deuxième vague et de fait un possible démantèlement du groupe.
Malheureusement, nos prévisions étaient véridiques puisque dans son communiqué de presse du 31 juillet puis son interview du 1er aout, le président du conseil d’administration du groupe annonce froidement que « deux tiers de nos activités sont plus éloignés du cœur du groupe comme le montage électrique ou d’air conditionné et toutes les activités de « facility management » (maintenance et entretien). ». Le président continue son allocution en disant que cela représente un périmètre d’environ 13 milliards ne parlant évidemment pas de l’impact social de ce changement de cap.
On nous annonce une « mise sous revue stratégique » de ces activités de services, mais il faut comprendre « préparation à la cession » et il convient de préciser que se séparer de 2/3 des solutions client reviendrait à supprimer plus de 60 000 postes que ce soit chez INEO, AXIMA, COFELY ou ENDEL !
Non seulement cela serait un véritable saccage social et industriel, mais un affaiblissement complet du groupe !
La direction fait également état de nouvelles cessions passant de 4 milliards d’€ à 8 milliards d’€ : outre les Services, le Groupe s’apprête à céder des parts dans nos entreprises gazières (GRTGaz, Elengy, Storengy, … ) et dans SUEZ.
Il s’agirait non seulement d’un revirement total, mais surtout de la continuation de l’affaiblissement du Groupe. La force du Groupe tient à la complémentarité gaz-électricité-ENR-Services-Eau. La CGT conteste un nouveau charcutage. La stratégie et les orientations d ‘une entreprise comme ENGIE ne peuvent être modifiés tous les trimestres ! Cela génère une incertitude, une anxiété et une perte de confiance pour les salariés mais également pour nos marchés car personne ne comprend ou le groupe va ! Et dans ce cas, les marchés financiers ne valorisent qu’une chose : le démantèlement et la vente par appartement. C’est, semble-t-il, bien cette voie que veut prendre la direction du Groupe.
Un management sous pression
Les annonces et décisions unilatérales ont mis le management sous tension engendrant une perte de confiance et une instabilité jamais connue à la tête du groupe. Le Président et son Conseil d’Administration en profitent pour lancer une orientation purement financière et suicidaire pour les activités et le personnel du Groupe.
Prenons le cas de la BU ENGIE Solution, crée au 1er janvier 2020, les salariés et le management peinent encore à comprendre et mettre un œuvre une nouvelle organisation que l’on annonce une scission des solutions. Wilfried PETRIE dans son communiqué du 31 juillet, peine à expliquer que les résultats sont plutôt corrects et que les objectifs avec l’aide des salariés seraient tenus au second semestre. En effet comment motiver les salariés quand chacun peut craindre pour son poste dans les 12 ou 24 mois à venir.
Pire encore le président annonce que ces décisions ne prennent pas en compte l’effet COVID … Le démantèlement du groupe semble bien amorcé.
Ainsi sous couvert d’un hypothétique dialogue social renforcé, la direction souhaite emmener les organisations syndicales sur la voie des cessions et du recentrage / simplification du groupe. La CGT ne peut accepter le cap pris par ces orientations stratégiques et compte bien intervenir au plus tôt pour que les intérêts des salariés et du groupe soient préservés.
La CGT réaffirme que la force d‘ ENGIE réside dans la complémentarité des activités. Nous sommes persuadés que le gaz, l’électricité, l’eau et l’ensemble des services énergétiques forment un ensemble solide, clair et cohérent. Les Services et les énergies se complètent et se sont construits au fil du temps pour répondre à des besoins liés. Ce sont les activités centrales pour la transition énergétique et elles assurent un véritable service public autour des enjeux actuels. La rentabilité à très court terme ne peut être un critère de choix car elle conduit à un démantèlement. Se séparer des solutions engendrerait fatalement un effondrement généralisé du groupe !
Nous ne laisserons pas le Président et son Conseil d’administration prendre des décisions de cette importance. Nous entendons peser sur les orientations stratégiques. Chacun de nous sera touché directement ou indirectement. Nous ne pouvons laisser démolir nos activités, supprimer nos postes et mettre aux enchères nos entreprises.
A force de s’intéresser à la seule profitabilité, au lieu de construire une stratégie industrielle, la nouvelle direction du Groupe comme l’ancienne n’a d’autres perspectives que de vendre toujours un peu plus. Jusqu’à quand ? Jusqu’à la vente du Groupe en morceaux et sa disparition ?
La CGT agira dans les jours à venir tant dans le Groupe qu’à l’extérieur pour exiger une revue des orientations stratégiques présentées et obtenir le maintien total des emplois dans le Groupe.