Après ENGIE , BOUYGUES ne souhaite pas non plus s’engager sur les garanties sociales !

 

   A Montreuil, le 26 janvier 2022

Le 19 janvier 2022, le comité européen d’ENGIE recevait les représentants de Bouygues SA, dont son directeur général, Olivier ROUSSAT.

La CGT qui s’oppose toujours au projet de cession des activités de services d’ENGIE avait organisé un rassemblement militant devant la salle de réunion. 110 militants, venant de toutes les entreprises d’ENGIE étaient présents pour dire NON au plan Clamadieu, NON au démantèlement d’ENGIE mais également pour pousser Bouygues à négocier, contractualiser et rendre opposables les engagements sociaux discutés.

Le document de présentation de Bouygues, envoyé la veille, reprend une description du groupe BOUYGUES, de la branche services (ByES), un listing de données sociales de la ByES, ainsi que l’explication et la justification de s’emparer d’EQUANS…

La continuité d’ENGIE Solutions

Pendant plus d’1 heure, la direction de Bouygues s’est évertuée à nous expliquer l’utilité et le pourquoi économique d’un tel projet. Notons que les arguments choisis étaient les mêmes que lorsque la direction d’ENGIE nous a expliqué le projet BRIGHT et que EQUANS était une pépite au sein d’ENGIE : rentabilité, peu de besoin en capitaux, marché en forte croissance …

ENGIE et BOUYGUES se rejoignent sur un point : Le grand avenir promis à EQUANS… A se demander pourquoi vendre une telle entité ? Il est vrai que Bouygues ne distribue en dividendes « que » 50% de ses résultats soit 4 fois moins qu’ENGIE en taux …

Sur les postes en doublons

La CGT a souhaité aborder le thème des doublons entre les activités d’EQUANS et celles de Bouygues, que ce soit avec la branche services (ByES) ou d’autres comme la branche Construction (par exemple INEO Scle ferroviaire …). Nous avions estimé qu’au moins 100 agences et 1850 salariés étaient en doublons.

La réponse de Bouygues fût la même que celle d’ENGIE lors de la création d’EQUANS, le marché est tellement grand et tellement en croissance que les problèmes de doublons vont se résoudre d’eux même… Cela pourrait paraitre idyllique sauf que Bouygues a bien insisté sur la sélectivité des affaires, la nécessité d’augmenter la marge à 5% et ne pas prendre les affaires sous ce seuil de rentabilité. Dans ce contexte, quelles rationalisations va prévoir Bouygues ? combien de fermetures d’agences jugées non rentables ? combien de suppressions d’emplois ? pas de réponse de la part de Bouygues.

Il est difficile pour la CGT de ne pas s’inquiéter pour l’avenir de nos collègues.

Sur les garanties sociales

Dès mars 2021, la CGT avait demandé la mise en place d’un accord tripartite entre le potentiel repreneur, ENGIE et les représentants du personnel. Demande refusée par la direction d’ENGIE en septembre 2021. Les coordinations syndicales françaises avaient alors interpellé Madame Mc GREGOR sur ce sujet en octobre 2021, celle-ci s’engageant à trouver un moyen de rendre les garanties sociales engageantes et opposables. Ainsi en parallèle des enchères financières menées par ENGIE, nous avons mené des enchères sociales afin d’obtenir un maximum de garanties. Chaque potentiel repreneur s’est alors engagé sur de nombreux points sociaux pour gagner la confiance des Organisations Syndicales et du Conseil d’Administration d’ENGIE. Malgré les engagements d’ENGIE, nous n’avons toujours pas eu de réponse à la question : « comment contractualiser ses engagements … ? »

Le Directeur Général de BOUYGUES a écrit, début décembre, une lettre au secrétaire du CEE ENGIE, énonçant quelques garanties et laissant planer l’incertitude ou l’ambiguïté sur de nombreux autres sujets.

Les coordinations Françaises ont également interpellé Bouygues sur la nécessité d’une négociation et d’une contractualisation des engagements sociaux, voir même de la mise en place d’une coordination syndicale au niveau de BOUYGUES SA.

Ces demandes d’accords signés avant la vente ont été renouvelées lors de la séance du CEE. La réponse de Bouygues est évasive et surtout vise à gagner du temps : ne pas dire non mais renvoyer ce sujet à après la vente. Bref, soyons clairs : Bouygues refuse de s’engager formellement sur des garanties pour les salariés d’Equans.

C’est maintenant, alors que nous sommes consultés sur la vente que Bouygues doit s’engager. Après il sera trop tard.

Organisations syndicales mais aussi gouvernement ont insisté sur la nécessité de garanties sociales lors des cessions d’Engie. Ce sujet a été au cœur du débat sur la vente de Suez et a conduit à un vote contre la cession tant de la CGT que des représentants de l’Etat.

Aujourd’hui, Engie et Bouygues, pour ne pas se retrouver dans la même situation, veulent éluder le sujet en faisant semblant de traiter le social mais sans engagements majeurs … quid du sort des salariés qui perdront leur emploi ? licenciements ? ou licenciements déguisés avec ruptures conditionnelles ou mobilités forcées ?

Le gouvernement a une grande responsabilité dans le dépeçage d’Engie, il doit exiger de son côté des engagements sociaux de hauts niveaux.

Un retour au paternalisme d’antan

Finalement derrière le spot publicitaire et la vision idyllique présentés par la direction de Bouygues, une stratégie se fait jour : Ne donner que les informations minimales et monter au créneau si des explications, ou une négociation est demandée. Aucune opposition ne doit naître, sous peine d’être sanctionnée !

Nous reconnaissons bien là, le style paternaliste autoritaire, où une organisation syndicale est favorisée tant qu’elle est dans la ligne de la direction. Une opposition, ou une demande de négociation entraine une mise au banc rapide, voire immédiate !

La direction d’EQUANS nous dit que rien ne va changer et que nous allons recréer ENGIE EQUANS au sein de BOUYGUES. Or, c’est mal connaitre le groupe Bouygues, qui depuis sa création ne met que des dirigeants sortis de ses rangs et appliquant à la lettre la politique Bouygues à la tête de toutes les entités.

Nous demandons donc aux directions de BOUYGUES et d’ENGIE de trouver rapidement un moyen de négocier ces garanties sociales et d’en faire un accord écrit et opposable partout dans le monde. Nous ne laisserons pas partir nos collègues sans aucune garantie. Quand il y a des accords écrits, il est déjà difficile de les faire respecter, comme l’ont montré les exemples de la vente de l’Exploration Production et du GNL. Alors, sans accord écrit, c’est la catastrophe assurée. Nous ne sommes pas dupes des velléités de Bouygues et nous utiliserons tous les moyens politiques, médiatiques et de mobilisation des salariés, nécessaires, pour éviter une catastrophe sociale.

Entre le démantèlement du groupe ENGIE via la vente d’EQUANS et le saccage d’EDF, la responsabilité de nos politiques est largement engagée car au final, ce sont les salariés et les usagers qui en subissent les conséquences par de violente montée de prix ! La campagne présidentielle démarre et la CGT compte bien mettre l’énergie et la lutte contre la destruction des entreprises historiques au centre du débat présidentiel !

 

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